À la une, Actualités / Jeux

30 ans après sa naissance, retour sur l’histoire de Kirby

Kirby

Sorti le 3 mars dernier, Kirby et le Monde Oublié se révèle être un véritable succès. Trois ans après la sortie du dernier jeu de la franchise, Kirby Star Allies, ce dernier opus démarre sur les chapeaux de roues et semble s’être installé pour un bon moment en haut des tops des meilleures ventes.

Mais Kirby, c’est avant tout 30 ans d’histoire, et 36 jeux au total. Et tout commence en 1991 quand un jeune game designer japonais a commencé à travailler sur son premier jeu. Son nom ? Masahiro Sakurai. Eh oui, celui que l’on associe tous de nos jours avec Super Smash Bros. est également celui à qui l’on doit notre boule rose préférée. Né en 1970 à Musashimurayama, une petite ville située à l’Ouest de Tokyo, il intègre à 19 ans le studio HAL Laboratory en tant que concepteur de jeux.

D’abord dessine un cercle…

L’une des premières consignes données à Sakurai fut de concevoir un jeu d’action sur Gameboy destiné aux débutants. Mais avant de commencer à dessiner les décors et à programmer le jeu, il fallait d’abord dessiner des sprites provisoires afin de réaliser divers tests tout au long du développement. Sakurai s’en est chargé dessiner, et le héros a pris la forme d’un cercle avec deux yeux et une bouche. Pas si loin du résultat final quand on y pense. Avec le temps, l’équipe de développement s’est attachée à la petite boule au visage souriant, et ont finalement décidé de le garder tel quel en se disant qu’un design simple collait mieux avec un jeu fait pour les personnes n’ayant pas beaucoup d’expérience dans le domaine.

Plusieurs rumeurs circulent autour du nom de Kirby. À la base, le jeu que nous connaissons sous le nom de Kirby’s Adventure devait s’appeler Twinkle Popo, et mettait en scène un personnage répondant au nom de Popopo. Ce n’est qu’après avoir présenté le jeu à Nintendo que la boule rose a changé de nom. Certains disent que « Kirby » vient de la marque d’aspirateurs américaine du même nom, vu que le pouvoir principal de notre héros est de pouvoir aspirer ses ennemis. D’autres pensent que son nom est un hommage à John Kirby, un avocat employé par Nintendo et qui les a défendus au cours de nombreux procès, le plus connu opposant Universal Studios à la firme nippone pour violation de copyright à propos de Donkey Kong et King Kong. Malheureusement, Sakurai avoue aujourd’hui ne plus se rappeler comment Kirby a obtenu son nom.

Finalement, la première aventure de Kirby sort le 27 avril 1992 au Japon sous le nom de Hoshi no Kābī (星のカービィ – Kirby des étoiles), et en août de la même année dans le reste du monde traduit en Kirby’s Dream Land. Les critiques furent à l’époque très positives, louant la qualité et l’originalité du titre, et la principale critique faite au jeu au moment de sa sortie était sa difficulté, jugée très voire trop basse. Un point négatif qui sera récurrent tout au long de l’histoire de la série. Avec plus d’1,3 million de copies vendues, Kirby’s Dream Land est le quatrième jeu le plus vendu sur Gameboy. Un franc succès qui ne faisait que commencer !

La boule rose fait son bout de chemin

La seconde aventure de Kirby ne s’est pas fait attendre longtemps, car elle arrive sur Famicom le 30 novembre 1992 au Japon sous le nom de Hoshi no Kābī : Yume no Izumi no Monogatari (星のカービィ 夢の泉の物語 – Kirby des étoiles : Le Conte de la Fontaine des rêves), puis sur NES le 1er mai 1993 aux États-Unis avant de sortir en Europe le 1er décembre de la même année. Intitulée Kirby’s Adventure en Occident, cette suite montre les premiers pas de la boule rose sur console de salon.

Et en couleur, s’il-vous-plaît ! C’est en effet la première fois que les joueurs occidentaux ont pu apercevoir Kirby et son magnifique teint rosé. Car s’il était bien rose sur la boîte japonaise de Kirby’s Dream Land, il a été changé en blanc pour la sortie du jeu dans le reste du monde. La raison ? Une petite querelle entre Masahiro Sakurai et Shigeru Miyamoto, qui occupait le poste de directeur lors du développement. Alors que Sakurai souhaitait que son personnage soit rose, le papa de Mario avait une autre vision de la chose, et trouvait que le jaune lui allait mieux. Nintendo of America, pendant ce temps-là, ne savait pas quelle couleur choisir alors qu’il fallait créer les visuels pour la boîte, la notice et la cartouche du jeu. Qu’à cela ne tienne ! Le personnage n’ayant pas vraiment de couleur sur l’écran monochrome de la Gameboy, cela ne changeait pas grand-chose de le représenter en blanc.

Mais l’innovation principale de cette suite, c’est de pouvoir avaler ses ennemis pour absorber leurs pouvoirs, chose impossible dans l’opus Gameboy. Cette technique deviendra la signature de Kirby et ne le quittera presque plus en près de trente ans. Cette deuxième aventure de Kirby lui vaudra également un très bon accueil de la part de la critique comme des joueurs. Malgré une difficulté jugée encore une fois trop basse, les commentaires positifs sont légion : d’excellents graphismes très colorés, un très bon travail d’animation et une bande-son depuis devenue iconique. Kirby’s Adventure sort en fin de vie de la NES, et on peut voir qu’il tire parti de la technologie de la 8-bits de Nintendo. De plus, il fait partie de la petite vingtaine de jeux à avoir été traduits en français sur cette console. Une petite exclusivité rien que pour nous !

Deux suites au jeu original sortirent également sur Gameboy et Super Nintendo, respectivement en 1995 et 1997. Ces nouveaux opus numérotés ont apporté avec eux plusieurs compagnons animaux pour aider Kirby dans ses aventures. Un poisson pour mieux nager, une chouette pour voler, un hamster pour courir plus vite… Ces nouveaux amis se combinent aux pouvoirs que Kirby obtient en avalant ses ennemis pour diversifier encore plus le nombre d’actions possibles. Alors que Kirby’s Dream Land 2 propose des graphismes dans la lignée de ceux des deux jeux précédents, Kirby’s Dream Land 3 offre un magnifique style graphique donnant l’impression que le jeu entier a été dessiné à la main. Le passage aux 16-bits est flagrant et l’univers de Kirby n’avait encore jamais été aussi vibrant.

Entre temps sort un autre jeu sur Super Nintendo en 1994 : Kirby Super Star (Kirby’s Fun Pak en Europe). La cartouche regroupe neuf jeux, de quelques niveaux chacun, afin de proposer une expérience plus diversifiée tout en rallongeant sa durée de vie. Il est considéré par beaucoup comme le meilleur jeu Kirby, et a également connu un remake sur Nintendo DS sous le nom de Kirby Super Star Ultra en 2008. En 2000, Kirby passe à la 3D avec Kirby 64 : The Crystal Shards. Un titre original, avec un gameplay toujours en deux dimensions, mais qui ne sera pas à la hauteur des attentes des fans.

L’enlisement

La série Kirby a été le théâtre de nombreux spin-offs, utilisant pour la plupart Kirby comme une simple boule à cause de sa forme. Cela commence avec Kirby’s Pinball, un jeu de flipper sorti en 1993 sur Gameboy, puis Kirby’s Dream Course, sorti en 1995 sur Super Nintendo et qui voit notre héros transformé en balle de golf. Kirby sera également utilisé en 1995 pour importer la licence Puyo-Puyo en Occident avec Kirby’s Avalanche (Kirby’s Ghost Trap en Europe). Des casse-briques, des jeux de course et d’autres jeux de plateforme font également partie de la franchise.

Tous ces spin-offs sortent bien trop rapidement au goût de Masahiro Sakurai. Ceci, couplé au fait que ces jeux n’étaient à la base pas pensés pour Kirby (il était en général rajouté en cours de développement), ont fait en sorte que le papa de la petite boule rose a quitté HAL Laboratory le 5 août 2003. Dans plusieurs interviews, il confiera avoir été lassé par le processus de création de suites et de jeux annexes à la série principale. Il n’a depuis plus travaillé sur un jeu Kirby, en préférant se focaliser sur d’autres productions comme la série des Super Smash Bros.

Le renouveau

Depuis quelques années, les nouveaux jeux Kirby étaient accusés d’être trop courts, de ne rien apporter à la formule classique qui faisait l’ADN de la franchise, et par conséquent d’être ennuyants. Ce fut notamment le cas de Kirby’s Return to Dream Land (Kirby’s Adventure Wii en Europe), sorti en 2011 sur Wii et de Kirby Triple Deluxe, sorti en 2014 sur 3DS.

Ce n’est qu’en 2016, avec la sortie de Kirby Planet Robobot sur 3DS que les fans ont commencé à voir la lumière au bout du tunnel, le jeu apportant de nouvelles mécaniques basées sur des robots géants. Les nombreuses mises à jour faites sur Kirby Star Allies ont également réussi à donner plus de potentiel au jeu en lui rajoutant plusieurs modes et niveaux de difficulté. Finalement, la sortie de Kirby et le Monde Oublié en mars dernier montre que la série Kirby est pleine de potentiel. Avec des niveaux complètement en 3D (une première pour la franchise) et un monde semi-ouvert, c’est un véritable renouveau pour la franchise. Les notes obtenues par le jeu en sont un indice, on n’a pas fini de voir une certaine boule rose sur nos écrans !