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« On sera tous gros et on ne jouera qu’à Call Of » : le destin merdique du jeu vidéo

Le jeu vidéo est encore un jeune média en perpétuelle évolution. Les avancées technologiques (3D, reconnaissance de mouvements, etc.) enrichissent les perspectives de création, en même temps que les acteurs de l’industrie imaginent de nouvelles façons de financer (les participations communautaires) et de distribuer (le cloud) leurs produits. À l’aube de 2024, nous avons dressé quelques hypothèses sur les formes arborées par l’industrie de demain. Et c’est pas beau à voir, bordel !

Destin 1 : L’enfer du devoir

Fallait pas l’chercher. L’Oncle Sam nous l’a bien mis profond. Il en avait tellement ras-le-bol qu’on critique le taux d’obésité de ses collégiens ou qu’on se scandalise des massacres dans ses cours de récréation qu’il a décidé de répandre sa bile sur les quatre coins du globe. Le fumier. En 2003, les Yankees ont donc développé le premier segment de la sérieCall Of Duty, un First Person Shooter
dans lequel on incarne un gentil soldat (comprenez un Américain) qui doit épurer le monde de tous ses morpions (comprenez les barbus fondamentalistes, les communistes, etc.). Ne me parlez pas de propagande déguisée, parlez-moi plutôt de liberté, de patrie, de démocratie, des mots qui claquent, bordel ! Et qu’importe si l’on doit mitrailler quelques civils ici ou là, ils avaient qu’à rester chez eux à mater l’intégrale de 24, ces tocards. Bref. Dans les années 2010, la série pète tous les scores autant qu’elle nous ramollit le bulbe ; on vous en donne un (de score, pas de bulbe) : 10 millions de Black Ops (2011) ont été vendus le seul jour de sa sortie.

Nos prévisions : Le jeu vidéo ne se résume qu’à du Call Of et assimilés. Pas vraiment une surprise quand on sait que depuis les années 2000, l’immense majorité des grosses sorties sont des suites de blockbusters (Assassin’s Creed, BioShock, GTA…). Concernant Call Of, le dernier volet en date vient d’atteindre le seuil du demi-milliard de ventes lors de sa semaine de sortie. La série américaine et ses clones (The War Is Good For Your Diabetes, Kalachnikov Bitches, A bullet In Your Ass, etc.) représentent aujourd’hui 90% de la production mondiale, et tout le monde kiffe.

« La série Call Of et ses clones représentent aujourd’hui 90% de la production mondiale, et tout le monde kiffe. »

Seul le français Ubisoft, l’indécrottable petit Gaulois, tente de résister avec sa série Gaule Of Rayman, où Rayman fait pousser des asperges sauvages dans un bois sacré en Ardèche (précisons que les 8 premiers épisodes ont fait un bide). Notons pour conclure que le taux d’obésité mondial s’est enfin stabilisé à 70% de la population, en partie grâce à l’idée géniale d’un chercheur américain qui inventa en 2019 la première chips amincissante. God Bless America.

Destin 2 : Le coup du pigeon

Le financement par la foule, ou « Crowdfunding », est un procédé qui « fait appel aux internautes pour trouver les fonds nécessaires à l’aboutissement d’un projet de création », nous dit cette chère Encyclopédie Libre. Dans le jeu vidéo, la plateforme Kickstarter , fondée en 2009 par trois amerloques, est vite devenue la figure de proue de ce nouveau modèle de développement, en finançant de nombreux projets et en récoltant des millions de thunes sans lever le derche de son fauteuil en mousse : 3 millions de dollars pour Wasteland 2, 3,3 millions pour Double Fine Adventure, 4 millions pour le Project Eternity de chez Obsidian, et 8,5 millions pour
Ouya, une nouvelle console dont on ne sait pas grand-chose sinon qu’elle porte un nom de merde.

Nos prévisions : Le phénomène a pris une telle ampleur que tout le monde s’est mis à développer son propre projet crowdfundé, dont ma grand-mère. En 2018, fleurant le bon coup et l’argent facile, et alors que le jeu vidéo se résumait pour elle à un reportage bien anxiogène sur W9 (où le journaliste suivait le petit Martin, 12 ans, en maison de redressement pour avoir planté un compas dans le cul d’un de ses camarades après une session de jeu sur Léa Passion Vétérinaire), elle décide de lancer un appel au don pour un concept, je la cite, « révolutionnaire », dans lequel Marius Brosse doit sauver un gentil dragon d’une méchante princesse. La mécanique est simplissime (je la cite là aussi), c’est un mélange d’action-aventure-stratégie-énigme-scrabble-pinte-de-Suze-à-l’apéro. L’idée a été plébiscitée par (tout un tas de pigeons) les internautes qui lui ont versé 300 000 euros, avec lesquels ma grand-mère a pu (se payer deux ans aux Maldives à se mettre des Sex on the beach à s’en péter le foie) développer un premier proto pas trop moisi. Bref. Depuis cinq ans maintenant, les gens ne jouent qu’à Counter-Strike et autres Baldur’s Gate, car plus aucun jeu vidéo n’est sorti dans le commerce. Il se dit heureusement que des projets incroyables devraient naître d’ici peu. Il manque juste encore quelques milliers d’euros. Les vôtres par exemple.

Destin 3 : Cheeeeseeee !

N’en déplaise aux tristes sires, aux apôtres de la mauvaise foi, aux chantres de la malhonnêteté intellectuelle, la Wii est, et restera une console importante dans l’histoire de l’industrie, en ça qu’elle a apporté une nouvelle manière de penser et de consommer le jeu vidéo. Bon, ça c’était la version un peu intello ; la vraie version, c’est qu’elle aura donné espoir à toutes les geekettes de France et de Navarre, en leur faisant croire qu’elles pourraient perdre leur gros cul en jouant régulièrement à Wii Fit. Et « vas-y que je te mets une Wii Balance Board par là pour te fondre dans la peau d’un surfeur de malade », et « vas-y que tu fais le con dans ton salon avec ta Wiimote pour découper un artichaut sur Cooking Mama »… Sont forts ces cons de japonais !

Nos prévisions : En 2017, Sony contre-attaque pour reprendre des parts de marché à ses concurrents et veut frapper fort avec sa PlayStation Super Plus Nec Turbo 3 racine carrée de 8. Outre la combinaison à capteurs 100% latex fournie avec la console (vendu 679 euros TTC), on peut acheter le pack DoggyDog (à 1389 euros TTC) qui contient un véritable chien robotique ! Ce chien robotique, qui portera le nom et la couleur que vous désirez (pour 38 euros, seulement) accompagnera votre compagne lors de ses footings sur PS4 Jogging, une vraie simulation de jogging vendue avec un authentique morceau de tartan découpé sur le site de Fukushima, le tout, au prix compétitif de 1894 euros TTC. Mais ce n’est pas tout ! Votre milord, pour peu que vous lui caressiez les fesses dans le bon timing (en appuyant en même temps sur rond, rond, carré, triangle, rond, carré) se transformera en chien de guerre pour vos parties de Call Of Duty 12. Une option à un prix qui défie toute concurrence, 3938 euros TTC, SEULEMENT !

Destin 4 : Na zdorovie !

Il est loin le temps où le monstre de Blizzard, le Meuporg World Of Warcraft, rayonnait sur l’industrie avec ses 12 millions d’abonnés à 13 boules/mois. Cette fois, les Ricains se sont fait niquer par les Russes (ou Biélorusses, mais c’est pareil) ; en 2010, le studio Wargaming.net
a pondu le Free to Play (« gratuit pour jouer ») World Of Tanks (« le monde des tanks ») dans lequel deux équipes de quinze compétiteurs, cloisonnés dans une arène, se mettent sur la tronche à coups d’obus. Deux ans après, WoT faisait sauter la banque (façon de parler, car personne ne saute une banque), le modèle économique du jeu reposant sur des micro-transactions : n’importe quel joueur peut débourser quelques vrais kopecks de sa vraie poche de son vrai compte pour acheter une progression d’expérience plus rapide, des véhicules, etc. En 2012 donc, WoT se targue de facturer le plus d’utilisateurs enregistrés au monde (40 millions) et d’avoir réuni le plus grand nombre de joueurs connectés simultanément sur un serveur (500 000).

« Par un putsch bien senti, digne d’un scénario de jeu vidéo, Wargaming.net prend en 2020 le contrôle du monde. »

Nos prévisions. World Of Tanks et ses nombreuses déclinaisons (World Of Warplanes et World Of Warships sont déjà en développement) rapportent à Wargaming.net des camions-citernes de brouzoufs. Le studio biélorusse siège depuis peu à l’ONU, au FMI, à la BCE et à l’OMS (la vodka est, paraît-il, excellente pour le transit intestinal). Par un putsch bien senti, digne d’un scénario de jeu vidéo, Wargaming.net prend en 2020 le contrôle du monde, exproprie Goldman Sachs de ses locaux et oblige tous les non russkofs à porter une chapka du lever au coucher du soleil. La philo a été remplacée par des cours de World Of Tanks (ça c’est pas plus mal, remarquez) et chaque élève a l’obligation de s’enfiler une bouteille de pinard à la cantine. Il a tout compris finalement Depardieu, il prend juste de l’avance.

Source : https://42mag.fr/

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